Transformer le marc de raisin en engrais

Dans l'Aude, la coopérative Cavale propose depuis deux ans un compost 100 % végétal et 100 % local issu du marc de raisin de sa distillerie et distribué ensuite aux viticulteurs de sa région : le compost Onze300. Un retour aux sources qui valorise un sousproduit tout en augmentant le taux de matière organique des sols.

Depuis octobre 2015, les viticulteurs de la région de Limoux peuvent acheter un compost appelé Onze300, référence au code postal du siège de la coopérative
Cavale et au groupe de 11 personnes - salariés et administrateurs - qui ont porté ce projet d'économie circulaire. Car c'est bien de cela dont il s'agit : rendre
à la vigne ce qu'elle a produit en faisant revenir dans ses sols un sous-produit issu des vendanges, le marc de raisin ! Le cercle est on ne peut plus vertueux :
non seulement le résidu de distillerie ne part pas seulement en fumée, mais il participe en plus à améliorer la fertilité des sols viticoles de la région qui en ont
bien besoin.

Après avoir collecté les marcs de raisin des coopératives viticoles voisines et extrait de ses process divers produits (alcool, colorants, pulpe…), la distillerie de la Cavale produit en effet chaque année 6 000 t de marc dit «épuisé et épépiné» qui, jusqu'en 2015, était peu valorisé (épandu par quelques adhérents). Désormais, une grosse partie de ce marc (objectif de composter la moitié de la production de marc épuisé et épépiné, soit 3 000 t/an) prend la direction de la plateforme de compostage d'Artigat de la société Fuméco-Levèze. Sur ce site, le marc est stocké à l'air libre où il va fermenter et se minéraliser pendant 9 mois. Après avoir été retourné plusieurs fois, puis émietté, trié et tamisé, il deviendra le Onze300, ce compost calibré entre 0 et 10 mm, utilisable avec des épandeurs à fumier ou à marc classique (offre du Onze300 en vrac, bigbags de 500 kg ou sacs de 50 l). Cet amendement riche en matière organique (environ 35 % par tonne de produit brut) présente un avantage dans le cadre de l'amélioration de la structure et de la stimulation de l'activité biologique des sols viticoles de l'Aude et d'ailleurs,
souvent carencés en humus. «Des essais sur trois ans menés par Datagri depuis l'automne 2016 devraient confirmer les meilleures performances du Onze300 sur
vigne par rapport à un itinéraire de fertilisation classique, performances déjà entrevues sur un essai longue durée mis en place localement depuis 2011», explique Claire Salvat, chargée de mission à la Cavale.