Produire bio pour les consommateurs


« PRODUIRE BIO ÉTAIT UNE ÉVIDENCE CAR LES CONSOMMATEURS SE SOIGNENT AVEC NOS PRODUITS »
La Sicarappam a été créée en 1987 par un groupe d'amis cueilleurs de plantes sauvages en Auvergne. Ils souhaitaient mutualiser leurs efforts afin de vivre d'un métier ancestral remis au goût du jour par une demande en hausse. Le bâtiment de stockage construit il y a six ans doit déjà être agrandi pour faire face à une croissance de 11 à 17 % par an. « Certains font uniquement de la cueillette de plantes sauvages, et d'autres sont des agriculteurs se diversifiant avec des cultures de plantes aromatiques et médicinales, explique le président William Marotte. Depuis une quinzaine d'années, davantage d'adhérents se professionnalisent et vivent de ce métier : c'est intéressant étant donné l'évolution de la demande. La production n'était pas entièrement bio au départ mais elle l'est vite devenue en raison des attentes des clients. Cela s'est imposé comme une évidence car les consommateurs achètent ces produits pour prendre soin d'eux : mieux digérer, mieux dormir, etc. Nous garantissons aussi l'origine française, ce qui nous différencie de la concurrence pour certaines plantes. »
200 clients, 600 références
La coopérative vend plus de 600 références de plantes fraîches, sèches ou congelées, conditionnées du kilo à la tonne, à des professionnels de l'herboristerie,
la gemmothérapie, l'aromathérapie, la cosmétologie, la liquoristerie, ainsi qu'à des laboratoires pharmaceutiques et homéopathiques, et à des agriculteurs
utilisant la phytothérapie sur leurs exploitations. Le débouché le plus important est représenté par les tisanes vendues en grande distribution et magasins
spécialisés bio. La diversité des quelque 200 clients génère une variété de demandes à laquelle la Sicarappam s'efforce de répondre. Il s'agit surtout d'adapter la finesse de coupe des herbes : coupe grossière pour traiter les animaux et les plantes, coupe au centimètre pour l'herboristerie, coupe à quelques centaines de microns pour les infusettes de tisane, broyage en poudre pour les gélules, etc. En outre, certains clients veulent uniquement certaines parties des plantes ce qui impose un tri.
À la demande de ses adhérents cette fois, la coopérative se lance désormais dans de nouveaux projets (herbes condimentaires, sève de bouleau, huiles cosmétiques) afin de commercialiser des produits finis directement auprès du consommateur, de limiter les intermédiaires, et d'augmenter ainsi la valeur ajoutée. « Nous sommes classés en établissement cosmétique, ce qui nous permet de vendre en direct des huiles dans lesquelles nos plantes ont macéré. »
Cultiver des plantes sauvages
Pour les cueilleurs de plantes sauvages bio, contrôlés et certifiés de manière individuelle, l'enjeu est de trouver des sites préservés de toute contamination par les pesticides, éloignés en général des zones de grandes cultures. Des analyses sont réalisées en laboratoire sur des échantillons pour vérifier l'absence de molécule chimique. En particulier pour certaines espèces ne poussant pas toujours dans des endroits très sains, telles que l'aubépine, le sureau, l'ortie, le cynorrhodon ou la prêle des champs. « Certaines sont des plantes de haies entourant les parcelles et nous sommes donc tributaires des pratiques agricoles. Pour l'aubépine et le sureau par exemple, nous n'arrivons pas à suivre la demande. Nous sommes aussi confrontés à des pressions de cueillette parfois élevées, réalisées sans gestion de la ressource ; c'est le cas notamment de l'arnica. C'est la raison pour laquelle nous développons sa culture. » Environ cinq hectares de plantes aromatiques telles que la menthe, la mélisse ou la verveine sont cultivés chez une dizaine d'adhérents. La Sicarappam expérimente aussi la culture de plantes sauvages comme l'arnica ou la gentiane.
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